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les pinceaux en liberté
12 août 2015

Escale à Yamoussokro

Basilique 003

-Ouf ! a peine si le jour se lève! Allons voir la tante, elle nous régalera surement.

Le motel AGIP se situe au cœur du Plateau, toutes les villes ont un quartier ainsi nommé, c’est la Cité : Affaires, administrations commerces, établissements scolaires, santé …

-Voila le motel, il y a des gens attablés. Ils prennent leur  petit déjeuner avant d’aller bosser. Ici, les parents, surtout les fonctionnaires préfèrent  aller au maquis, ils donnent un peu de monnaie aux enfants qui se débrouillent. C’est pour ça que tu vois des tabliers aux abords des écoles. On doit toujours les chasser mais le « chasseur » y a ses habitudes. Ah ! voila la tantie.

-Quelle bonne surprise ! D’où viens-tu ? Akwaba !

-Voilà mon ami Guillaume, un vrai parisien de Toulouse. Je l’ai amené faire « Paquinou » et nous retournons à Abidjan, mais on ne peut passer à Yamoussokro sans venir te saluer.

-Toi avec ta bouche sucrée, les filles feront bien de se méfier !

-Te fâche pas, la grand-mère de mon ami te connait , elle est venue ici expertiser le motel.

-Ciel ! je ne l’ai pas oubliée, une femme très cool. Comment va-t-elle ?

-Très bien, madame, je vous remercie.

-Oh la là, ici pas de madame, je suis la tantie de tous et d’abord akwaba petit blanc .A table, il doit rester quelques croissants et du lait, des fruits aussi . Vous me direz votre fait quand vous serez restaurés.

La terrasse ombragée les accueille, sur la table en fer forgé recouverte d’une toile à carreaux rouge et blanc une corbeille de croissants, un plat creux débordant de fruits et deux bols les attendent. Pas de serviettes papier (on les appelle lotus) mais de petits napperons brodés main.

-Voilà attaquons sans attendre.

-Un peu de retenue mon ami ne gâtons pas un accueil aussi généreux.

-Tu es de bon conseil, n’en fais pas trop tout de même.

Leur minois plaisant attire l’attention de deux joliettes, occupant la table voisine. Le toubabou y va de son succès et chacune de vouloir lui offrir lle meilleur sourire. Audacieuse, l’une s’approche.

-Regarde comme ses cheveux sont doux.

-Aminata, arrête un peu, je vais le chatouiller à mon tour.

-Et moi alors ? réclame Gahou.

Suite au regard un peu froid de la tantie, les deux fofolles s’enfuient en fredonnant « à moi le blondinet, à toi l’abidjanais »

Une fois désaltérés, nos apprentis touristes se mettent en route.

-ON devrait négocier avec un taxis pour faire le tour de ta nouvelle Brasilia.

-Brasilia ? C’est quoi même ?

-T’énerve pas, c’est une ville du Brésil célèbre par ses immeubles audacieux, je pense qu’ici aussi nous allons rester bouche bée

-Bouche cousue,  bouche bée…..On verra. Tu n’as pas pris le soleil sur la tête mais tu n’arrêtes d’épeler le dico. Ton idée est O.K. Allons voir du côté des taxis en file.

Aussitôt direction vers les carcasses assez vétustes , blanches à l’origine, aujourd’hui revêtues d’un véritable camouflage.

-Salut ! on voudrait se payer un tour des réalisations du Vieux, tu dois connaitre les bons coins.

-Tu parles, je suis né ici et j’ai tout vu, tout entendu et la tchache  ne me manque pas. ON y va ?

-Hé, attends voir de nous faire un prix. Mon ami est élève comme moi, les vieux ne nous ont pas bourrés les poches.

-Si tu es vide comme la vessie d’un margouillat, va à pieds tu pourras voir venir.

-Faut pas fâcher ! Dis- moi, tu ne viendrais pas plutôt des ruelles de Conakry ? Tu m’as l’air sacrément bavard pour un baoulé.

-Allez, pas de palabre, montez un ticket suffira ( 1000 Fr CFA soit environ 15 euros)

-Ca te va Monseigneur ?

-Arrête  de faire le pitre. On va se faire un plaisir d’accepter votre offre. Je tiens à voir le plus beau.

Le chauffeur  tapote le siège afin de le dépoussiérer en route ! Nous longeons la clôture de la concession présidentielle. Là, Houphoued a fait construire le Palais et tout autour des villas pour les membres de sa famille et de ses proches. Regardez, à droite, derrière ce bosquet d’ibiscus, c’est celle de Mamie FETE, la sœur ainée du Président, elle l’a élevé aussi elle bénéficie d’une grosse part du gâteau. Il y a aussi l’immeuble réservé aux funérailles, avec, parait-il un sous-sol secret. La clôture seule vaut son pesant d’or. Comme nous sommes loin des cases rudimentaires des villageois que nous avons quittés il y a peu de temps ! Nous ne pourrons nous aventurer au-delà.

-Oh ! Ce portique où va-ton ?

-C’est l’entrée de notre POLYTECHNIQUE où l’on forme les super-ingénieurs. Ce qui m’étonne  c’est qu’ils sont toujours en costume trois pièces alors que ceux qui bossent sur le chantier de la basilique portent le jean, chapeau de paille et chaussures de toile .

-Tu as du t’en apercevoir, petit blanc, le noir aime saper aussi il a besoin du blanc pour travailler. J’en connais un pas plus haut que toi, il m’a affirmé : On forme des ingénieurs pour inventer, d’autres pour exécuter. Un péteux ! Souvent, diplôme en poche leur principal soucis est de se remplir les poches.

-Silence ? tu en dis trop. Là derrière, c’est encore une pouponnière de techniciens ?

-C’est le lycée scientifique. Les meilleurs élèves du pays sont affectés dans cet établissement. Le président avait érigé à cet emplacement une prison moderne  où ont été enfermés tous ceux qui ont fomenté le complot appelé » complot du chat noir »

-Je suis au courant, le cousin de mon grand-père, M. Ernest Boka a été victime d’un de ces gardiens .

-Ce n’est plus moi qui dévoile les secrets, le petit blanc connait l’affaire. C’est ainsi que la prison a été rasée et le lycée construit mais la faute reste. Les mains sont sales.

-Bon, il faut pardonner, nous venons de laver notre linge sale au Paquinou.

-Je veux bien, mais tu as entendu Bagbo, « Le serpent n’est pas mort, il remue sa queue »

-Je crois qu’on y est pour trois jours si on se lance dans la politique. Allons voir le lac aux caïmans.

-Très bien, mais attention, ils ont la dent longue !! On les nourrit avec des poulets vivants tous les soirs.

Nombreux sont les curieux, ils se tiennent sagement derrière la barrière Ces animaux sont impressionnants, Leur corps long, lourd semble glisser sur la grève sans hésitation .Les coups de queue claquent à vous glacer les os.

-Et ce gardien qui joue avec eux, je n’envie pas sa place.

-Il doit avoir un bon gri-gri. Ne te moque pas,  certaines familles ont passé des pactes avec les animaux sauvages. Je pense que c’est son cas.

-Moi ça me suffit, tous ces sauriens, je n’en raffole pas.

-Allons voir la basilique, je t’assure que c’est la réplique de St Pierre de Rome. On l’a baptisée Notre Dame de la Paix, on dit aussi Notre Dame des savanes.

-On reste pantois !

-Par ici s’il vous plait.

Voilà qu’’on ne peut accéder directement, il faut traverser un hall riche en babioles. Ce parvis économique franchi, nous voici sur une gigantesque esplanade, avançant assez craintifs vers cet imposant monument. Le marbre abonde, les ors, les vitraux 

-Regarde par ici, sur ce vitrail, on reconnait le profil du Président en compagnie du fameux Directeur des travaux. Ils auraient pu y faire figurer celui de l’architecte !

-Non, c’est libanais, l’argent lui suffit, les honneurs ne l’intéressent pas

-Remarquez les sièges, une merveille ! Ils sont fabriqués par une entreprise locale.!

-Tout est magnifique mais je vous avoue qu’on ne sent pas la présence divine. C’est froid, personne ne prie, ne chante, ne chuchote, n’égraine son chapelet.

Bon ! Je crois qu’on a vu l’essentiel, revenons à la case départ, une sucrerie nous fera le plus grand bien et on pourra rependre la route.

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